Mes Conseils

23 octobre 2020 -

Faut-il prendre les autoentrepreneurs au sérieux ?

Faut-il prendre les autoentrepreneurs au sérieux ? Voilà un statut qui fait beaucoup parler, mais qui au final, en règle générale, est bien mal connu et bien mal perçu.

Je précise ici que dans cet article, je parle principalement des autoentrepreneurs qui exercent à 100 % en tant que TNS (Travailleur non salarié). 

L’objectif de cet article est d’approfondir vos connaissances sur ce statut (si besoin est) et pourquoi pas, d’estomper, voire supprimer les aprioris sur le sujet.

J’ai de nombreuses fois échangé avec des salariés et dirigeants à ce propos. Il en ressort parfois des idées reçues, issues d’une méconnaissance de ce statut, qui, en moins de 10 ans, a pourtant connu de nombreux changements.

J’exerce en tant qu’AE (AutoEntrepreneure ou ME MicroEntrepreneure, c’est la même chose) depuis bientôt 5 ans. Mon premier « bébé » laissera bientôt sa place à une nouvelle structure (j’y reviendrai très prochainement) et c’est un hommage en quelques sortes, que je viens rendre ici à ce statut avant de le quitter.

Démarrer son activité sous le statut d’AE, c’est à mon sens un excellent socle pour se lancer dans le monde de l’entreprenariat et se familiariser avec le quotidien du dirigeant. Il n’est cependant pas adapté à tous types d’activités, je vous l’accorde.

J’ai fait le choix de vous citer les 3 idées reçues les plus importantes, mais je vous garantie que la liste des préjugés sur ce statut, est malheureusement bien plus longue.

1ère idée reçue : Le chiffre d’affaires d’un autoentrepreneur, c’est 100% bénef !

Alors certes, elle ne m’a pas été formulée précisément comme ça. En revanche, elle a été exprimée d’une autre manière. Je m’explique :

Lorsqu’un prospect, au cours d’un premier rendez-vous, fait part de son besoin sur un temps complet et qu’à la fin de l’échange, celui-ci fixe, les jours, heures d’interventions et tarif, j’appelle ça un entretien d’embauche. Comble du ridicule, le forfait proposé était à peine équivalent à un salaire net auquel je pouvais prétendre en tant que salariée, avantages et sécurité en moins.

Clairement, on imagine qu’à la question : « Faut-il prendre les autoentrepreneurs au sérieux ? »  l’individu répondrait instantanément par la négative.

Petite parenthèse, si elle peut aider quelques autoentrepreneurs… Avec du recul et une réflexion sur l’attitude de cette personne, j’ai compris que j’avais ma part de responsabilité. Si l’on se comporte comme un entrepreneur, plus grandes sont les chances d’être considéré comme tel.

Proposer à un indépendant une mission à temps plein sur une période définie, c’est lui demander un contrat d’exclusivité. Et l’exclusivité, ça se paye …

Mais là n’est pas véritablement le sujet.

Sachez qu’un AE, selon son activité, supporte entre 45 et 70% de charges fixes et variables (charges sociales et fiscales inclues) … (au-delà il est urgent d’opter pour un autre statut plus adapté).

Ces pourcentages de charges concernent bien entendu les indépendants qui ont mesuré tous les risques qu’ils encourent, et ont fait le choix (raisonnable) de souscrire à une RC Pro, mutuelle, prévoyance, etc…

Le pourcentage restant lui permettra d’investir (pour développer son activité), de se dégager une rémunération MAIS également, et ne l’oublions surtout pas, de consolider sa trésorerie !

L’autoentrepreneur, vous l’aurez compris, n’est pas ni salarié, ni un « sous-entrepreneur » et il serait bon désormais de les considérer comme n’importe quel autre prestataire. Un client ne fixe pas les tarifs et jours d’interventions de son fournisseur, il fait en revanche part du budget plafond qu’il souhaite consacrer et de ses disponibilités. Le prestataire s’adapte (ou pas) à la demande. Tout est dans la forme.

2ème idée reçue : L’autoentrepreneur ne prend aucun risque !

Il est vrai que certains risques peuvent paraître moins élevés, notamment du fait que si aucun chiffre d’affaires n’est généré, les charges sociales étant proportionnelles au CA, l’AE n’en paiera pas.

« Ah oui ! » me direz vous « C’est un sacré avantage ! » Je vous répondrai « Oui ! … mais Non » (Je ne suis pourtant pas Normande …).

Certes, vous ne paierez pas de charges sociales, mais le revers de la médaille, c’est que vous ne cotiserez pas non plus à la protection sociale, et ne gagnerez aucun trimestre de retraite durant cette période. Le risque est donc bien existant.

En ce qui concerne le lancement de son activité, l’autoentrepreneur prend les mêmes risques que tout autre dirigeant, celui d’échouer après avoir investi des sommes plus ou moins importantes, et beaucoup de temps. Ce n’est donc pas encore sur ce point que l’on peut approuver l’idée que l’autoentrepreneur prend moins de risque, encore moins qu’il n’en prend aucun.

Pour finir ce chapitre (Sinon, je serai tentée de vous écrire un roman, je vous parle déjà de chapitre, c’est dire ! … il y a tant de choses à écrire sur le sujet), savez vous que l’autoentrepreneur est un entrepreneur individuel, et que sa responsabilité engagée est donc illimitée ? Son patrimoine personnel serait engagé en cas de faillite. Certes, par acte notarié, il est possible de limiter les dégâts, mais le risque reste élevé.

Alors oui, clairement, l’autoentrepreneur prend des risques. Quand on prend des risques (à condition qu’ils soient calculés), c’est que l’on croit en son projet, et que l’on est sérieux.

3ème idée reçue : L’autoentrepreneur n’est pas assujetti à la TVA !

C’était vrai, jusqu’à la réforme Macron, au 1er Janvier 2018. Cette réforme a permis d’élever le plafond du chiffre d’affaires des micro entrepreneurs, passant ainsi à 170 K€ pour les BIC et 70 K€ pour les BNC. Au-delà, le micro entrepreneur est contraint de sortir du statut.*
En revanche, des seuils de franchise de TVA ont été mis en place. Ainsi, dès lors que l’on dépasse ces seuils, le micro entrepreneur a l’obligation de collecter la TVA*. La bonne nouvelle, c’est qu’il pourra alors, également déduire la TVA de ses achats !

*Un seuil de tolérance est toutefois accordé.

L’autoentrepreneur peut donc tout à fait être assujetti à la TVA.

En conclusion,

J’ajouterai qu’il est temps de porter un regard différent sur les autoentrepreneurs.
Considérons les comme des partenaires, tout simplement. Le statut choisi pour exercer, ne gage absolument en rien du sérieux de votre interlocuteur, laissons cette idée poussiéreuse à certains banquiers.

Toutefois, je ne nie pas que ce statut devrait rester provisoire. Il n’y a pas de durée limite, chaque cas, chaque activité sont différents. Pour certains, il faudra 4 ans pour sortir de ce statut, pour d’autres 5 ou plus.

Ces choix, quels qu’ils soient, ne doivent nullement permettre à quiconque de remettre en question leur expertise, leur implication et la passion qu’ils ont de leur métier.

Ils ne sont ni mieux, ni moins biens, ils sont tout simplement des dirigeants de TPE, clients, fournisseurs, partenaires d’aujourd’hui ou de demain.

Alors ? Faut-il prendre les autoentrepreneurs au sérieux ? Absolument ! Au même titre que tous les autres entrepreneurs.

Je les encourage donc à poursuivre, à y croire, à s’accrocher et à passer leur chemin lorsqu’ils croiseront la route de quelques Hommes de Cro-Magnon.

Il y a tant d’autres dirigeants qui ne demandent qu’à travailler avec vous ! Gardez le cap !

 

Pour en savoir plus sur le statut d’autoentrepreneur : 

https://www.autoentrepreneur.urssaf.fr/portail/accueil/sinformer-sur-le-statut/lessentiel-du-statut.html

https://www.economie.gouv.fr/entreprises/micro-entreprise-auto-entreprise

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